Rise of the TMNT : commentaire du film et critique générale de cet univers

Nous y sommes ! Cela fait quatre ans que Nickelodeon a lancé sa nouvelle série sur les Tortues Ninja. Et dès lors, rien n’a été de tout repos pour Rise of the TMNT (Le destin des Tortues Ninja en français).

Avant de nous attarder sur le film sorti vendredi sur Netflix (avec du spoils, il serait préférable que vous l’ayez vu), revenons un petit peu sur la création de la série et ce qui lui a valu une annulation pure et simple en 2020. Je terminerai par mon ressenti général sur cet univers.

La série Rise of the TMNT

Nous revenons ici sur les grands moments de cette série. Pour plus de détails, rendez-vous par ici.

Tout a commencé en novembre 2016, lorsque les premières rumeurs d’un arrêt du dessin animé de 2012 se faisaient de plus en plus fortes. Très appréciée des fans, acclamée par les critiques, cette série s’était vue mal traitée par sa chaîne créatrice, notamment à partir de la saison 4. La cinquième et dernière saison a été un purgatoire, notamment sur sa diffusion américaine terriblement hasardeuse et questionnable.

Décidé à faire quelque chose de nouveau, la chaîne pour enfant a officialisé cette nouvelle série le 2 mars 2017 en la décrivant comme une version totalement revisitée de l’œuvre des Tortues Ninja, plus légère et en 2D. Elle se nommerait Rise of the Teenage Mutant Ninja Turtles. La production ne s’est jamais cachée vouloir faire quelque chose de nouveau. D’original. Et destiné plutôt à un public jeune, toujours sur la bonne humeur. Bref, quelque chose d’assez éloigné de la version précédente, parfois très rude et proposant des éléments jusqu’alors inédits.

Très attendue, principalement du côté du design et de l’histoire, les fans de longue date ont eu une douche froide lors de la révélation des designs des personnages le 31 janvier 2017. La campagne promotionnelle a commencé à réellement battre son plein à l’occasion du Toy Fair de New York, en février 2018. Playmates Toys réalisait encore à cette époque de belles présentations de ses gammes de jouets à venir. Les fans avaient ainsi un bon aperçu de ce qui les attendrait à l’automne.
Si l’ambiance générale et le design étaient loin de satisfaire tout le monde, l’annonce d’épisode de 10 minutes par Nickelodeon confirmait bien les craintes du style de show qu’ils étaient en train de préparer. Quid du scénario ?
Pour assurer son succès, Nickelodeon a fait la promotion de sa série à travers de nombreuses vidéos, des teasers mais aussi en révélant son nouveau générique au cours du mois de juin. La deuxième semaine, Nickelodeon a présenté la série au Festival de l’animation d’Annecy. L’occasion pour les producteurs Andy Suriano et Ant Ward de promouvoir leur œuvre outre Atlantique et de conquérir un petit peu plus le cœur d’un public on ne peut plus sceptique. À travers de nombreux croquis, l’équipe a pu présenter ses diverses influences et de nouveaux personnages. Si Meat Sweats était déjà connu, ont aussi été dévoilés Hypno-Potamus, Albearto et Warren Stone.

Enfin, le premier épisode, Mystérieuse pagaille, a été diffusé en avant-première le 20 juillet aux États-Unis, au cours-même de la Comic Con. Les premiers épisodes ont également été mis en ligne le même jour, permettant d’avoir une meilleure vision sur la série. Certain du succès et constatant que les internautes se pressaient pour voir ces épisodes, Nickelodeon annonça dès le 27 juillet une deuxième saison de 26 épisodes. Erreur…

Les choses se gâtent

De nombreux indices ont permis, dès 2019, de voir que Rise of the TMNT n’allait pas connaître le succès de la série précédente. Ni le moindre succès attendu. Les six premiers mois de diffusion, Andy Suriano était très présent sur les réseaux sociaux, publiant des articles pour valoriser la série et défendre son projet avec ardeur, quitte à avoir des discussions tendues avec certains fans. Peu à peu, il s’est fait plus discret sur la série, laissant la place notamment aux scénaristes comme Russ Carney.

Au cours de la San Diego Comic Con 2019, la série n’a pas fait le bruit escompté. En effet, si les fans étaient habitués aux grandes présentations avec de nombreux comédiens de doublage pour la série précédente et des teasers croustillants, accompagnés des producteurs, cette fois, il n’y eut qu’un échange d’une heure sur la licence entre Kevin Eastman, Andy Suriano et Ciro Nieli. Les bruits de couloirs lors de la convention semblaient d’ailleurs dire que la série n’était pas au mieux de sa forme.
Du côté de Playmates Toys, le fabricant avait présenté ses différentes gammes à venir jusque 2020 lors du New York Toy Fair de février 2019. Malheureusement, les sorties se sont espacées de plus en plus à partir de juillet 2019. Finalement, très peu de ces figurines ont vues le jour. Des quatre séries prévues, seules deux sont sorties, en juillet et en décembre. Les figurines n’étaient pas simples à dénicher en magasin.

Le 22 septembre 2019, Nickelodeon a annoncé que Rise of the TMNT était déplacée sur la chaîne Nicktoons, ce qui n’était jamais un bon présage pour des séries jeunesses. Il s’agissait d’une chaîne secondaire américaine de Nickelodeon, dédiée à des programmes de très bas-âge mais aussi à des séries « indésirables » pour leur faible succès. Pour couronner le tout, les épisodes étaient diffusés à un horaire tardif. Après la diffusion du dernier épisode de la série, Suriano a été révélé qu’entre fin août et début septembre 2019, Nickelodeon avait annoncé à l’équipe de production son intention de mettre un terme à la série. Si certains épisodes étaient déjà prêts, ceux-ci n’ont jamais été diffusés à la télévision et contraignait la production à écrire et réaliser les épisodes finaux au plus vite.
Déjà en novembre 2019, un échange entre un fan et Playmates Toys avait mis la puce à l’oreille. Le fabricant de jouets avait répondu qu’ils n’envisageaient pas de poursuivre la gamme de figurines autour de cette série l’année suivante. Ils préféraient se tourner vers quelque chose d’autre (en savoir plus).

Entre avril et août 2020, les derniers épisodes de la seconde saison ont été diffusés à raison de deux épisodes le vendredi soir, une fois par mois. En l’absence d’un positionnement officiel de la part de Nickelodeon, les fans voyaient la série avancer à grands pas. Au début du mois d’août 2020, les titres des derniers épisodes ont été révélés. Précédés de la mention « final », les fans ont compris que la série vivait ses dernières semaines.
La seconde saison devant comporter 26 épisodes, beaucoup ne croyaient pas à la fin à proprement parler de la série. Le dernier épisode se nommant « Rise ». L’hypothèse la plus forte était que la deuxième partie de la saison allait porter vers une évolution des personnages avant de conclure la série sur des tortues plus matures et disciplinées. La veille de la diffusion des derniers épisodes, le jeudi 6 août, les scénaristes ont commencé à tirer leur révérence, indiquant qu’il s’agissait bien de la fin de Rise of the TMNT.

À cette occasion, de nombreuses informations ont été communiquées aux fans, tant sur la série que sur son annulation. Un tableau de la répartition du travail sur la seconde saison a été communiqué, montrant tous les épisodes qui n’avaient pu être diffusés, mais aussi le moment où l’équipe avait reçu le signal d’arrêt, une année auparavant. L’équipe regrettait notamment que les quatre derniers épisodes aient dû être remontés et raccourcis en un temps record. En effet, ceux-ci devaient proposer une histoire répartie sur un plus grand nombre d’épisodes, permettant d’approfondir bien plus certains personnages et l’histoire générale.

La partie la plus révoltante de cette annulation repose dans la mauvaise foi de Nickelodeon vis à vis de l’échec de cette série. Les producteurs comme Ron Corcillo ont expliqué sur Twitter que c’était Playmates Toys qui avait décidé d’arrêter la production des figurines, face aux ventes trop basses. Ne pouvant gagner de l’argent avec la vente de jouets, Nickelodeon a donc simplement décidé d’arrêter la série (source). Face à des chiffres en-dessous de ce qui était attendu pour la première saison et regrettant d’avoir renouvelé pour une seconde saison sans s’appuyer sur la moindre donnée valable, la chaîne a poussé la série vers sa fin prématurée.
Ainsi, Nickelodeon a placé la série sur la chaîne secondaire Nicktoons, moins regardée et surtout à un horaire dissuasif pour les plus jeunes. Jouant sur l’excuse de la faible audience, rendue alors simplement impossible, Nickelodeon a justifié ainsi une partie de l’arrêt de la série.

Conception du film

Nous n’avons pas beaucoup d’informations sur la conception de ce film, annoncé en février 2019. De nombreuses rumeurs couraient sur son développement et surtout sa thématique. Avec l’arrêt brutal de la série au deuxième semestre avec seconde saison raccourcie de moitié, il devenait logique que le film vienne conclure l’aventure.

Le 12 janvier 2021, le site Deadline a dressé un résumé des productions attendues pour l’année sur la plateforme Netflix. Parmi ces productions se trouvait le film Rise of the TMNT. Un court résumé annonçait que Leonardo préparerait ses frères à un combat épique contre une menace extraterrestre nommée les krangs. Le lendemain, c’était une illustration rendant hommage au film de 1990 qui était publiée sur les réseaux sociaux.

Prévu initialement pour l’été 2021, le film a été repoussé à l’année suivante pour terminer sa production. Les fans étaient très étonnés car tout semblait pourtant prêt de ce côté depuis de nombreux mois, à en juger par les témoignages des personnes en charge du film sur les réseaux sociaux.

Rise of the TMNT – Le film et ma critique

C’était le chapitre final de cet univers. La série s’est-elle terminée de manière grandiose, ou va-t-elle repartir au fond des égouts et tomber dans l’oubli ? Seul l’avenir nous le dira.

Que vaut ce film ? Je suis assez fatigué de tous ces sites qui passent leur temps à dire que tel ou tel film est « awesome », « incredible »,  « terrible », ou que sais-je. Tous ces critiques ont un avis différent pour tous les films. Alors qui croire ? Qui a le melon suffisamment gros pour se proclamer détenir l’avis définitif que tout le monde doit suivre ? Un film est fait pour vous, et c’est à vous de vous en faire votre propre idée !

En ce qui me concerne, et je ne me permettrai jamais de prétendre avoir la science infuse et encore moins que mon avis vaut mieux que celui d’un autre, j’ai trouvé ce film bon. Ce qui m’a plu ? La même chose que dans la série : l’animation et sa fluidité. Ce rythme ultra nerveux des combats. Je ne parle pas de design, à chacun d’apprécier ou non ce qui nous est proposé. Je parle bien ici du dynamisme apporté aux scènes. Leur montage. La couleur vive utilisée dans les scènes. Que ce soit dans les scènes d’ambiances, de discussion ou de combat. Tout est toujours propre. C’est d’ailleurs un des points qui avait été si souvent et unanimement applaudi pour cette série !

Côté scénario, je suis un petit peu moins fan. Il y a des choses très intéressantes. D’autres qui auraient mérité plus d’attention. La faute à la production ? Ou à Nickeldoeon ? On va voir ça. Attention à partir d’ici, je vais aborder des points propres à la série et au film. Si vous ne voulez pas être spoilé, rendez-vous dans la section suivante « Conclusion de Rise of the TMNT – Qu’est-ce qui a foiré ? ». 

Le film s’ouvre sur un futur apocalyptique où seuls Leonardo et Michelangelo semblent encore vivants. Ils décident d’envoyer Casey Jones, élève de Leonardo, dans le passé afin qu’il empêche les krangs, créatures à l’origine de ce chaos, d’arriver sur Terre. Une fois arrivé dans le passé, le jeune justicier va trouver assez facilement les tortues. Le plus difficile est de les convaincre…

En concluant l’aventure au bout de deux saisons, la série avait tenu son engagement. Nous montrer des jeunes adolescents encore immatures et qui découvraient au fil des épisodes le monde des ninjas. Un point que j’avais particulièrement apprécié, puisque rien n’était encore acquis. Les personnages étaient assez différents de ceux auxquels nous sommes généralement habitués. Certains sont exaspérants. D’autres intrigants, voire attachants. Et c’est bien voulu !
Les plus grandes différences se trouvaient notamment chez deux des quatre frères. L’intelligence de Donatello était exacerbée au point de le rendre d’une rare arrogance. Et Leonardo, loin encore d’être le chef d’équipe que nous connaissons, était terriblement immature (et aussi incroyablement arrogant). Le comportement de Michelangelo ne changeait pas vraiment. Son regard d’enfant était en revanche parfois touchant. Et Raphael était le grand frère responsable et droit dont une fratrie avait besoin comme point d’équilibre. Du Raphael que nous connaissons dans les autres univers, il n’avait que son côté bourrin. Mais le dernier épisode rabattait les cartes. À la dernière seconde, Splinter annonçait contre toute attente et sans raison que Leonardo était devenu le chef !
C’est sur ce postulat que commence ce nouveau film. Le chef déchu vit mal son nouveau rôle tandis que celui-ci monte à la tête de son successeur. Nous aurions très bien pu voir un Leonardo sûr de lui et prenant les bonnes décisions. Que ce soit par l’endossement de ce rôle crucial. Ou parce qu’un certain temps s’était écoulé depuis le combat contre Shredder. Un Leonardo tel que nous le connaissons généralement. Finalement c’est tout l’inverse. La tortue n’a pas changé. Et ne s’est toujours pas responsabilisée. Outre la possibilité de suivre son évolution et sa prise de maturité au fil du long-métrage (car finalement le film est axé principalement là-dessus), nous voyons un Raphael certes jaloux. Mais suffisamment discipliné pour conseiller et aider son frère pour s’améliorer et prendre les bonnes décisions.

Et dans ce sens, j’aurais adoré voir un univers (celui-ci ou un autre) où Raphael est son second. Un vrai second. Pas un rival. Une tortue têtue ou bagarreuse certes. Mais une tortue qui a la tête sur les épaules et qui est toujours prête à soutenir son frère, au-delà de la rivalité ou de l’envie.

Abordons à présent LE personnage de ce film : Casey Jones. Tout repose sur lui. Bien entendu il est celui qui apporte le message du futur, tel un Kyle Reese essayant de protéger son futur en la personne de Sarah Connor. Mais il est également celui qui fera de Leonardo le vrai leader que tout le monde attend.
Que dire de ce Casey Jones ? Rise of the TMNT a été une série terriblement décrédibilisée pour son design et l’écriture de ses personnages à travers les tonnes d’épisodes inutiles (54 sur 70 tout de même…). Quand on voit le traitement de Casey Jones dans le dessin animé de 2012 (les producteurs de Rise travaillaient déjà sur cette série à l’époque), on pouvait s’attendre à une catastrophe. Il est à mon sens le personnage le plus raté de ce dessin animé précédent. Excécrable, immature, chiant. Ici, pas du tout !! Et quel plaisir de voir un Casey Jones sérieux, qui a conscience des enjeux qui se préparent. Et c’est finalement grâce à ce Casey Jones que Leonardo, si détestable sur les trois quarts du film, devient le chef de l’équipe prêt à aller jusqu’au sacrifice pour sauver la Terre.

Sauf qu’il y avait déjà un Casey Jones dans la série. Ou plus précisément une certain Cassidy « Casey » Jones. Décrite finalement comme étant la mère du justicier que nous découvrons dans ce film, le producteur Andy Suriano a déclaré en interview fin juillet qu’elle avait toujours été la Casey Jones de la série dans l’esprit des scénaristes. Nous pouvons donc nous demander dans quelle mesure Nickelodeon a eu un impact sur la version finale du scénario. Ou même du film dans sa totalité.
Car en effet, on sent qu’il y a des coupures. On sent que le film voulait en dire plus. Aller plus loin. Et pour rappel, la sortie de ce film a été repoussée d’une année, alors que tout semblait prêt depuis au moins début 2021. Je ne serais donc pas étonné qu’après avoir massacré la série, Nickelodeon ait également mis son grain de riz sur ce film. De la même manière, nous ignorons ce qu’est devenu Donatello dans le futur, ou même pourquoi Leonardo possède le bras de Raphael. Détails coupés, ou volontairement laissés muets ? J’aime assez l’idée que nous pouvons faire nous-même nos propres hypothèses. Mais une petite piste aurait été la bienvenue.

D’autres gros personnages iconiques de cet univers sont aux abonnés absents. Si l’apparition de Cassidy est plus qu’anecdotique, reléguée à quelques rapides images à la fin, nous pouvons nous demander ce qu’est devenu Draxum. Grand méchant de la première saison, allié précieux durant la seconde, sa présence aurait été plus que bienvenue pour combattre les krangs. Son absence serait peut-être à imputer au changement de comédien américain. Pour rappel, initialement c’était la star John Cena qui lui prêtait sa voix. Pour la seconde saison, pour des raisons inexpliquées, c’est le comédien Roger Craig Smith qui a campé son rôle.

Un détail qui m’avait particulièrement dérangé dans la série était l’accumulation de lacunes qu’avaient les scénaristes dans la connaissance de l’Univers des Tortues Ninja. La licence a été créée il y a bientôt 39 ans. Nous avons eu quatre dessins animés, une série live, trois univers cinématographiques (plus Batman), de très nombreux comics… ce n’est pas le nombre de personnages qui manque. Pour vous donner une idée, nous en sommes à l’heure actuelle à 879 fiches personnages sur le Tortuepédia (à retrouver par ici). Alors bien entendu nous avons dans ce chiffre de très nombreuses répétitions pour les personnages les plus récurrents (env. 15 par tortue, Splinter, Shredder, April etc…). Mais quelle richesse ! Alors je me demande pourquoi cette série a-t-elle veillé à vouloir créer toujours plus de nouveaux personnages. Car en dehors des persos principaux, tout le reste est entièrement nouveau (ça ferait un bien mauvais slogan tiens). Vouloir se créer une identité propre ? Pourquoi pas. Mais était-ce bien utile ? Très peu de nouveaux personnages vont rester dans les esprits (comme cette série certains diront). Et au-delà de cela, bien souvent des éléments du scénario pouvaient appeler des personnages ou faire référence à des éléments moins connus que les easters eggs que l’on nous sert de manière récurrente.
Et finalement, ce film ne semble pas bien différent. Ça a l’air teeeellement compliqué de proposer des personnages moins connus. Les nouveaux personnages ici sont au nombre de quatre. Casey Jones et trois krangs. Pratiquement laissé aux oubliettes dans le dessin animé de 1987, Casey est devenu un immanquable depuis le dessin animé de 2003. Alors pourquoi pas… Mais ces krangs ? Nous avions déjà les « kraangs » dans le dessin animé de 2012, branche maléfique des utroms que nous avons rencontrés dans pratiquement tous les univers. Et « Krang » lui-même. Alors créer une nouvelle espèce inspirée du « terrible » Krang du dessin animé de 1987 (et donc par conséquence des utroms) pour attirer d’anciens fans était-ce bien utile ? Je suis assez sceptique. Ce n’est qu’un nom. Mais dans la cohérence d’lUnivers TMNT dans son ensemble, ça me dérange un peu. Et surtout, y avait-il un intérêt à faire trois krangs différents ? L’un muet et parfaitement inutile. Les deux autres sont nommés dans le générique « Krang One » et Krang Two ». Je trouve que ça en dit long sur le traitement de ces  personnages qui devaient pourtant être des piliers de l’histoire. J’ai du mal à croire qu’il s’agisse d’un oubli. Un changement de programme de dernière minute peut-être ? En somme, des rôles assez anecdotiques et qui auraient très bien pu être résumés en un seul et unique personnage…

Et de parler des krangs amène à mentionner une occasion manquée. Ou encore un détail coupé ? Nous avions déjà croisé un krang dans cet univers, décrit comme un Oni. C’était lui qui avait donné ses pouvoirs à Shredder, 500 ans auparavant (Shreddy or not, S2 E24). Nous pouvions même voir son corps momifié au moment de mettre la main sur l’empyrean (Rise, S2 E24). Une petite mention aurait donc été la bienvenue.

Pour terminer ce commentaire à chaud (vu hier soir), parlons de la fin. Ce moment où Leonardo se sacrifie pour tuer le dernier krang. Un moment terriblement intense et qui rappelle un certain film de super-héros sorti il n’y a pas si longtemps que ça. La mise en scène était poignante et j’ai vraiment cru que la tortue y passerait. En réalité, je le souhaitais. J’ignore si Rise of the TMNT restera dans les mémoires (en tous cas pour de bonnes raisons), mais tuer la tortue aurait été un excellent moyen de proposer un élément fort pour rester dans la postérité. Et après tout, c’est la mode actuellement de tuer de la Tortue Ninja (cf. The last ronin). Une occasion manquée qui aurait permis de ramener Raphael sur le devant de la scène dans la série. Mais bon. Comme la série a été écrite pour les enfants, comme l’avouaient les producteurs en 2017, j’imagine que tuer une des tortues n’était pas envisageable.

Conclusion de Rise of the TMNT – Qu’est-ce qui a foiré ?

Une série morte née ? Peut-être. Il faut dire que Nickelodeon s’y est terriblement mal pris dès le début. Premièrement en traitant aussi mal une série rencontrant un fier succès (dessin animé de 2012). Deuxièmement en relançant une nouvelle série aussi rapidement (Rise of the TMNT en 2018). Et surtout en disant aux fans précédents qu’elle ne leur serait pas destinée. Aïe ça pique… Beaucoup de choses étaient reniées, tel un invité qui commence à s’approprier votre maison que vous adorez depuis tant d’années. Ce que je trouve intéressant à travers cet échec, c’est le manque de recul pris par ceux qui ont décidé des grandes lignes de cette série. À quel moment se sont-ils dit que cela fonctionnerait ?
Bien que j’ai apprécié une partie de Rise of the TMNT, je ne peux m’empêcher de penser à la maudite série live The next mutation des Tortues, sortie en 1997, soit un an après l’arrêt de la série de 1987. Proposant des nouveautés ambitieuses pour l’époque, n’introduisant exclusivement que des nouveaux personnages. Et s’arrêtant de manière prématurée. Finalement le destin de ces deux séries est tellement similaire. Autre similarité, des personnages inédits, terriblement prometteurs et atrocement mal utilisés.

Au-delà de ce fiasco dont beaucoup de monde s’est délecté, l’imprudence de Nickelodeon est intéressante. Je n’y connais rien dans ces affaires. Mon métier est totalement aux antipodes de ce business. Mais n’était-ce pas téméraire d’annoncer une seconde saison alors que la première venait de sortir une seule semaine avant ? Cela rappelle beaucoup le dessin animé de 2012, dont la deuxième saison était annoncée le lendemain même de la diffusion du premier épisode en septembre 2012. Sauf que l’atmosphère générale n’était clairement pas la même. Le dessin animé de 2012 était attendu car signant un renouveau avec un nouveau propriétaire. De nouvelles aventures pour une licence absente du petit écran depuis plus de trois ans (20092012) et qui n’avait plus proposé une histoire digne de ce nom depuis 2006. L’attente était donc naturellement forte.
Depuis 2012, beaucoup de pizzas ont cuits dans le four. En 2014 nous avons eu un film globalement haï pour son traitement des personnages, leurs designs et son histoire horriblement creuse. Hélas bien souvent, faire des sous avec un blockbuster, c’est investir dans les effets spéciaux et la plastique d’une actrice connue pour son corps et mettre au placard les bonnes idées. Et c’est à partir de cette période de 2014-2016 que les choses se sont gâtées pour la licence. Prenons un recul sur onze ans. Depuis 2011, qu’avons-nous eu ? Un comic toujours édité (TMNT #131 sorti fin juillet), deux dessins animés terminés (2012 et 2018), deux fiascos terribles au cinéma (2014 et 2016) et un nouveau comic qui a été plus qu’apprécié (The last ronin) et dont une suite est déjà annoncée. On ne peut pas dire que les fans aient été ravis des univers proposés depuis un petit moment maintenant.
L’apex de cette témérité s’est retrouvé dans ce film. Nickelodeon en février 2019 a annoncé une collaboration avec Netflix pour plusieurs films d’animation en lien avec leur carnet de licences. Dont les Tortues. Mais c’était également en 2019 que les choses ont commencé à se gâter pour cet univers. Une poignée de mois plus tard. Si le géant de l’animation pour enfant a réussi à engloutir la série, réduisant une saison de moitié, un contrat externe avec Netflix devait être bien plus compliqué à annuler. Dont la raison d’être de ce film, presque deux ans jour pour jour après la diffusion du dernier épisode. C’est cocasse.

J’étais un des premiers détracteurs de Rise of the TMNT lorsque la série a été annoncée. J’étais également un des premiers à être dégouté de voir ce qu’avait été fait dans les premiers épisodes. Je me souviens même après l’avoir vu, en juillet 2018, avoir écrit sur Tortues Ninja France quelque chose comme « il n’y aura pas de résumé ou de fiches personnages pour cette série ». Je ne voulais simplement pas perdre de temps avec une série qui ne me parlait pas (et dont le traitement m’agaçait au plus haut point. L’irrespect à l’encontre des fans après tant ).

Comment regarder l’essentiel sans perdre de temps ?

Ce n’est finalement qu’en 2019, lorsque la série a commencé à être diffusée sur Gulli, que je lui ai accordé une seconde chance. Très fortement poussé par mon meilleur ami (avec qui j’ai vu le film hier soir) et ma foutue manie de complétisme sur le Tortuepédia. C’était pas fou, mais je ne regrette pas d’avoir poussé l’expérience. Pourquoi ? Car j’ai lu dans les grandes lignes ce que racontait la première saison. Il y a beaucoup de déchets. Beaucoup d’épisodes inutiles. Un humour parfois très lourd et très différent de ce à quoi les habitués de la licence se délectent.

La série est clairement loin d’être parfaite. Serait-elle bonne ? Je vous laisse comme unique maître de cette réponse, car seul vous l’avez. Mais je pense qu’il est intéressant de lui laisser sa chance. Ne sait-on jamais, peut-être aurez-vous une surprise comme moi ? Le film, disponible en France légalement sur Netflix, ne nécessite pas d’avoir suivi la série, tant les éléments qui y font référence sont minimes. Mais il donne une bonne idée de l’ambiance générale de cet univers haut en couleur et dont l’animation est réellement folle. Si l’envie vous en prend, voici les épisodes réellement importants pour suivre l’univers de Rise of the TMNT. Le reste n’est que du bouche-trou (à quelques exceptions).

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