Sommaire
TMNT est un film sorti en mars 2007 (États-Unis). Après avoir vaincu Shredder, les tortues menaient leur vie de manière plus ou moins indépendantes, et ne se battaient plus contre le mal. Mais des choses étranges commencent à se produire à New York, des créatures apparaissent, et seule l’union des tortues pourra les vaincre.
C’est le premier film des Tortues Ninja réalisé en Computer-Generated Imagery (CGI), par Imagi Animation Studios. Il s’agit du premier long métrage sur les tortues depuis 14 ans (le dernier étant sorti en 1993).
Origine du film
C’est depuis 1994 que l’idée d’une suite à la première trilogie des Tortues Ninja était dans les coffres des productions (voir ici). Hélas, avec la perte de vitesse de la licence, l’arrêt du dessin-animé en 1996 et l’échec cuisant de Ninja Turtles : The next mutation dans la foulée, sans oublier la fin des comics en 1999, il n’était plus question de risquer quoi que ce soit avec cette licence, qui avait très mal été reçue à travers sa dernière production en salles obscures, en 1993.
Le quatrième film n’avait pas dépassé le stade d’ébauche à cette époque. Nous possédons aujourd’hui quelques croquis d’Eastman et de Laird, qui étaient bien décidés à revenir vers quelque chose de plus proche du film de 1990, pour ainsi effacer les déceptions des deux suivants. Ils espéraient même voir le retour de Steve Barron. Ce projet n’était pas allé plus loin, et avait dès 1996 été transformé en série, à travers Next mutation, sorti l’année suivante.
Après l’expiration des droits de licence au cinéma par Golden Harvest et New Line Cinema, Mirage se dirigea vers Warner Bros. Peter Laird avait racheté les droits de Kevin Eastman en 2000, désireux de s’émanciper de la licence pour se consacrer à d’autres projets, dont essentiellement Heavy Metal qu’il avait acquis une dizaine d’années auparavant. Il veilla ainsi à garder un contrôle créatif presque total sur la licence. Dès le début, il était très clair pour Peter Laird que ce film aborderait quelque chose de nouveau.
Le producteur Garen Walker et le futur réalisateur Kevin Munroe partirent une journée à Northampton pour négocier le film auprès de Peter Laird. Cela ne fut pas sans lourds efforts pour obtenir l’accord de cette rencontre avec le co-créateur des Tortues Ninja. Munroe raconte « Nous avons passé ensemble une journée très agréable à parler de la vie et des Tortues Ninja, et nous nous sommes quittés après le dîner. J’avais apporté mon exemplaire de TMNT N°1, en me disant que même si je ne décrochais pas le boulot, j’aurais au moins une dédicace. Sur le chemin de l’aéroport, j’ai ouvert mon comic book et il y avait un dessin de Raphael qui disait « Cher Kevin, réalise un bon film, sinon… Grrr… » Et c’est comme ça que j’ai su que j’avais été choisi »1. Le projet de Munroe avait su séduire Laird, à travers un film novateur, mais surtout portant un ton plus sérieux que ce qui avait pu être abordé en 1991 et 1993. La volonté de Kevin Munroe de s’inspirer du ton des personnages du comic, qu’il connaissait bien au passage, avait très certainement joué un grand rôle.
Production
Au XXIe siècle, il était devenu bien moins cher de produire un film en images de synthèses qu’avec des prises de vues réelles et des animatronics. Le film de 1993 avait déjà été confronté à ce problème, avec la recherche d’un studio moins couteux pour la réalisation des costumes – ce qui se fait ressentir dans leur qualité. Thomas K. Grey, producteur exécutif du film de 1990 et producteur sur les deux suivants, est de retour pour ce film. Pour lui, il était parfaitement normal d’adapter la licence en images de synthèses, unique format qui n’avait pas encore été exploité par la licence en 2005.
C’est ainsi qu’à travers Warner Bros., le studio choisi fut le jeune hongkongais Imagi Entertainment. Munroe était totalement convaincu de la qualité et de l’efficacité des images de synthèses. Il alla jusqu’à demander de reproduire certaines scènes du film de 1990 avec leur nouvelle technologie pour mieux analyser ce qui les attendait. Il explique « […] cette technique me semble la plus appropriée. Nous sommes allés jusqu’à reprendre des scènes du film original, en remplaçant les costumes par de l’infographie […]. C’est assez amusant, car en articulant la bouche lorsque les personnages parlent, vous vous retrouvez face au problème de devoir créer une réalité crédible. L’image de synthèse était la technique toute indiquée pour obtenir ce réalisme »2. De plus, se passer de prises de vues réelles permettait à l’équipe de se permettre plus de fantaisies et de libertés par certains aspects, rendus peu crédibles à travers un film traditionnel. Munroe était un habitué de la conception de jeux-vidéos et arrivait dans un nouvel univers, non sans le soutien de son assistant Tom Tanaka, avec qui il travaillait depuis 19953.
Écriture
Kevin Munroe avait proposé de nombreux scénarios à Peter Laird, qui eut un rôle de consultant de premier choix. Des thèmes comme l’espace lui avaient été soumis, dont une adaptation incluant les triceratons ou des extraterrestres. Cela ne plaisait pas au co-créateur de la licence, qui venait de commencer la publication du second volume du comicTales of the TMNT et qui désirait aborder des choses nouvelles.
Finalement, le réalisateur préféra un autre sujet, extrêmement important au sein de la licence, la famille. C’était finalement déjà ce qui avait particulièrement bien fonctionné avec le film de 1990, travaillant le côté relationnel des frères. Cependant, Munroe tenait à ce que le film s’adresse également aux non-initiés de l’univers. Il n’était donc pas question de se perdre à réexpliquer les origines des personnages mais présenter leurs relations entre eux. La décision a donc été prise de présenter les tortues au fond du trou, avec une famille décomposée.
Le script initial du film était bien loin de ce qui est sorti au cinéma. C’est à travers de nombreux échanges d’emails que Kevin Munroe et Peter Laird sont parvenus, à partir du début de l’année 2005 et grâce à une très belle coopération, à réaliser un scénario plus crédible. Thomas K. Grey explique « ils ont collaborés d’un bout à l’autre en ce sens. Ils en sont arrivés à un degré de minutie qui en était presque ridicule. Mais Kevin [Munroe] s’est montré très patient, et tous deux ont, je pense, écrit une histoire qui correspond à ce que les fans attendent vraiment… Depuis 15 ans, le monde a beaucoup changé, et il y a de toute évidence moins de Cowabunga et plus de réalisme dans notre approche […]. Kevin s’est investi dans l’histoire, on y retrouve son concept et ses idées »2.
Le titre initial du film était, semble-t-il, immortal. Celui-ci fut très vite abandonné. On possède toutefois une affiche avec celui-ci.
Esthétique du film
L’esthétique de ce film ne fait que le rendre encore plus intéressant. Les choix portés sur les designs des personnages, des décors, mais aussi des éclairages et des choix artistiques qui en découlent font de ce long métrage une œuvre à part entière.
Warner Bros. voulait que ce film soit accessible à un large public, y compris une audience jeune. L’esthétique du film était très importante pour Kevin Munroe, qui l’imaginait entre les films Hellboy de Guillermo del Torro et le Batman begins de Nolan. Avec la contrainte du jeune public, l’équipe se heurta donc à un lourd problème, ayant une vision plus sombre de l’univers dès le départ.
C’est alors avec l’aide du directeur artistique Simon Murton qu’ils trouvèrent une solution. Grand habitué des films à prises de vues réelles, il voulait introduire des éléments rarement vus jusqu’ici dans les dessin-animé, que ce soit à la télévision ou au cinéma, comme des débris ou des jeux d’ombres. Ils visionnèrent des films comme Le troisième homme (Carol Reed, 1949) afin de s’inspirer de l’éclairage des scènes4. Nous pouvons également retrouver un aspect plus brut, terne, voire lugubre, rendant hommage à Mark Miller ou au premier comic des Tortues Ninja. Kevin Munroe voulait que chaque scène du film soit une image d’illustration à part entière. Il explique « […] les techniciens travaillent d’arrache-pied pour que tout soit parfaitement modélisé. Alors quand vous leur dites de mettre une grosse ombre à tel endroit, ils restent bouche bée car ils voient tout leur travail disparaître à l’image. Ici, nous avons décidé que rien ne serait sacré. Ce qui comptait le plus, c’était le plan lui-même […]. C’est devenu un cliché de dire cela, mais je trouve que ce film ressemble vraiment à une bande dessinée animée »2. La totalité du film a été réalisée en noir et blanc pour jouer avec les ombrages avant d’y ajouter de la couleur pour en parfaire l’esthétique5.
Chaque détail des décors du film a été longuement pensé. Le changement d’architecture entre la ville et les souterrains est un point majeur de ces choix artistiques. Nous passons ainsi d’une ville de béton armé à des sous-sols faits de briques rouge. Puis en s’enfonçant encore un petit peu plus, cette dernière se retrouve accompagnées de nombreuses tuyauteries rouillées. « Plus on s’enfonce, plus les couleurs s’estompent » conclue Kevin Munroe sur le sujet2.
Casting
On retrouve Sarah Michelle Gellar pour April O’Neil, Chris Evans pour Casey Jones, Mako Iwamatsu pour Splinter et surtout l’ultra célèbre Patrick Stewart dans le rôle de Max Winters. Il a été cependant choisi de n’inclure aucun grand nom pour prêter sa voix aux tortues. En effet, il n’était pas question d’inviter un grand acteur si sa voix ne correspondait pas à une tortue. Munroe voulait que Leonardo ait la voix de Leonardo, et pas celle de Tom Cruise, ironise-t-il. Concernant Corey Feldman, qui prêtait sa voix à Donatello dans la trilogie originale, il précise « C’est drôle, parce que Corey était Donatello dans les films originaux, mais j’ai toujours pensé qu’il serait un parfait Michelangelo. J’ai toujours eu l’impression qu’il avait été mal casté »3.
Mako avait été annoncé comme voix de Splinter le 20 juillet 2006 à l’occasion de la San Diego Comic Con. Le lendemain, l’acteur est décédé, à l’âge de 72 ans. Il avait pu doubler tous ses passages dans le film. Un hommage lui est rendu à la fin du film. C’est d’ailleurs le deuxième film Tortues Ninja à rendre un hommage à une personne décédée, le premier étant le film de 1991, à la suite de la disparition de Jim Henson, décédé en mai 1990.
En France, le casting ne se compose presque exclusivement que des commédiens de la série de 2003, même si celle-ci s’arrêtait à la 4e saison. Seul Ilyas Mettioui (Michelangelo) ne reprit pas son rôle, remplacé par David Scarpuzza. Il s’agit très certainement du dernier travail de l’équipe sur la licence.
Détails sur le film
Absence de Shredder
L’un des grands absent de ce retour des Tortues Ninja sur grand écran est leur ennemi juré, Shredder. Kevin Munroe est revenu à plusieurs reprises sur ce point, expliquant que Peter Laird voulait que ce film se passe de sa présence.
En effet, le co-créateur n’avait jamais eu l’intention de faire de Shredder le « Dark Vador » de la franchise. Sur son blog, Laird a même publié un scénario qu’il avait écrit pour le film de 1991, laissant de côté l’homme au masque de fer pour se concentrer sur quelque chose d’autre, et le faire revenir éventuellement dans un troisième film. Il voulait à cette époque développer un autre pan de l’histoire, se rapprochant des évènements entre le TMNT (Vol. 1) #2 et le TMNT (Vol. 1) #8, avec l’intrigue sur le T.C.R.I., les utroms et le mutagène, voire Baxter Stockman et ses Mousers.
À la suite des grosses critiques sur le côté sombre du premier film, Laird et Eastman n’avaient plus de voix pour la suite de l’aventure cinématographique. S’ils avaient travaillés sur un scénario pour le deuxième film, celui-ci avait été presque totalement réécrit par la production pour en tirer une version extrêmement édulcorée. Pour le film de 2007, il avait bien l’intention de faire valoir son opinion. Le co-créateur voulait montrer que l’univers n’était condamné à ne montrer que la lutte incessante entre les tortues et leur ennemi juré. Un scénario original a donc été créé de toutes pièces, permettant le retour de Shredder par la suite, s’il venait à y voir d’autres films.
Suite ou univers original ?
L’insertion du film de Kevin Munroe dans un univers particulier des Tortues Ninja est soumise à débat. Dès le début du projet de réalisation de ce film, il avait été décidé de réaliser une suite à la trilogie des années 90′.
Kevin Munroe révèle dans le Starlog #355 vouloir à la fois inscrire son film dans la continuité de la première trilogie, et reprendre des éléments du comic original, dont il tient énormément. Il dit « I would really hate to say it’s Teenage Mutant Ninja Turtles IV, but yeah, it essentially is »5.
Le seul élément qui permette de réellement rattacher ce film et la trilogie originale se trouve dans la scène finale, lorsque Splinter dépose le casque de Yaotl dans une pièce dédiée aux souvenirs de leurs aventures passées. On peut y voir de nombreux objets en lien avec les films précédents, comme le casque de Shredder et le tube de mutagène du premier film, ou encore les armures de samurai et le sceptre du temps du troisième. Peter Laird était contre le fait de rebooter la trilogie originale, et tenait à ce que le film soit une suite, bien qu’elle puisse comporter des éléments nouveaux. Munroe quant à lui préférait partir sur quelque chose de nouveau, raison pour laquelle, l’unique lien avec la trilogie originale était la présence des trophées dans la pièce de Splinter3.
Le film introduit de nombreux éléments nouveaux, parfois abordés dans le dessin-animé de 2003, sans pour autant expliquer leur origine ni le temps qui s’est écoulé entre le troisième film et celui-ci. Ainsi, les tortues possèdent un nouveau repaire, similaire à celui dans lequel elles habitent entre les saisons 1 et 4, et connaissent Karai, inédite sur un medium autre que le comic jusqu’à la deuxième saison de la série. De même, dans le préquel développé à travers les cinq comics, qui adaptent les notes de Kevin Munroe, on retrouve des triceratons, le Tribunal Ninja et le Wise One, directement inspiré du Grand Maître.
Enfin, il est fait référence à ce film dans le téléfilm Turtles forever, lorsque Ch’Rell essaie de mettre la main sur les différents univers existants à partir d’une centrifugeuse et des tortues capturées. Des portails s’ouvrent, montrant de nombreuses dimensions, dont celle du film de 2007, ainsi que celle de la trilogie originale. À partir de cet élément, il serait possible de se dire qu’il s’agit donc de deux univers distincts. Toutefois, il est également possible de voir de nombreux autres univers, pourtant identiques, comme ceux de Mirage Publishing ou d’Archie Comics, représentés à plusieurs reprises et jouant sur les designs de différents artistes qui se sont succédés au cours des années. Il s’agit-là plutôt d’une utilisation massive de plusieurs images, qu’un respect absolu des univers.
Nous avons décidé pour le Tortuepédia de laisser ce débat ouvert. Vous pouvez penser que ce film est la suite de la trilogie d’origine, ou tout simplement un univers à part. Officiellement, sur le papier, ce film est la suite de la trilogie. Mais Kevin Munroe lui-même semble avoir du mal à encrer ce film dans une continuité spécifique, tant il a œuvré pour lui donner une identité propre, entre films des années 1990’ et comics qu’il a tant aimé lire par le passé. À lui de conclure par « c’est un tout nouveau design, un nouveau monde ».
Sortie en salle
Promotion
Dès 2005, un premier poster a été lancé, présentant Leonardo dans l’ombre et arborant le logo de la série de 2003. Il est possible de voir quelques changements sur la tortue, dans une forme encore archaïque. D’aspect non fini, son visage était plus aplati, et possédait une texture avec des écailles.
Au cours de la Comic Con de San Diego en 2006, l’ensemble des personnages ont été tous présentés, à travers des images défilantes, sous la voix de Mako Iwamatsu (Splinter). Chaque tortue avait droit à son poster, mais ce fut également l’opportunité de révéler les monstres, les ninjas Foot, des essais graphiques des visages, des concepts arts, les différents tests passés sur les muscles des personnages, les essais de scènes de combat, ainsi que quelques scènes comiques.
Un livret au format comic book a aussi été distribué durant la convention, apportant quelques aperçus des décors, le storyboard, les personnages réalisés par le dessinateur de comics Jeff Matsuda.
Le teaser-trailer a été lancé en juillet 2006, mais il fallut attendre le 15 décembre pour voir la bande-annonce entière, diffusée avant le film Eragon. Elle était disponible sur Appel Trailers, MTV et Yahoo Movies. Le 26 février 2007, deux spots TV ont été lancés aux États-Unis, et deux autres réservés spécialement à la chaine 4KidsTV, qui diffusait la série des Tortues Ninja de 2003. En février 2007, Warner Bros. lança une campagne internet à travers une page MySpace pour chaque tortue. Une semaine avant la sortie du film, plusieurs clips furent lancés sur divers sites. McDonald participa aussi à la campagne, lançant huit jouets dans leurs menus Happy Meal.
Box-office
Le succès de ce film n’était pas garanti lors de sa sortie. Avant son premier week-end, il était à la troisième place du boxoffice américain, derrière le film Shooter, tireur d’élite et l’excellent 300 de Zack Snyder, sorti déjà depuis deux semaines. L’équipe de réalisation de TMNT se trouvait à Hong Kong pour l’avant-première, en mars 2007, et craignait le pire. Tom Gray, producteur du film, y rappelait alors espérer une troisième place au classement, au vu de la puissance des films concurrents de cette période. Malgré un démarrage timide, petit à petit, le week-end devint un réel succès, permettant à la fois aux enfants et aux fans les plus anciens, qui sortaient du travail, de le découvrir en salles. Munroe se rappelle « Nous nous sommes réveillés dimanche en sachant que le film était #1. C’était un excellent petit déjeuner ! »3.
Ce film n’échappa pas à la coutume du succès du premier week-end pour un film TMNT. Il est numéro un aux États-Unis avec 24 300 000 $ d’entrées la première semaine, et totalisera 54 000 000 $ sur ses 13 semaines d’affiche aux États-Unis, de quoi assurer sa rentabilité, ayant couté 34 000 000 $.
Le succès commercial est quant à lui de 41,5 millions de dollars dans le reste du monde, recevant une critique globalement bonne.
Réception
Le film a reçu de bonnes critiques et une bonne place au box-office, lui permettant de tripler avec ses bénéfices le coût de production. Dès la première semaine aux États-Unis, le film était premier au classement, faisant même mieux que 300 (meilleur film depuis les deux dernières semaines), Shooter, Mimzy, le messager du futur, et La colline a des yeux 2.
SuperHeroHype.com a posté une review du film TMNT accompagnée d’un score de 7/10, montrant que le film mélange bien les côtés sombres et d’autres plus adaptés pour les enfants. IGN.com attribut lui aussi un score de 7/10, et dit que c’est de loin le meilleur des films Tortues Ninja déjà sorti. Les critiques de JoBlo.com, CHUD, et Moviesonline lui donnent quant à eux 8/10. Malgré le design de certains personnages, qui dérange, le film est pointé du doigt pour ses animations soignées, et son casting de choix. Les sites de comics et de dessins-animés, tels Newsarama, Comic Book Resources, et Toon Zone donnent aussi un avis favorable au film.
Mais bien-sûr, le film n’a pas fait que des heureux. Comme pour les films précédents, Rotten Tomatoes le considère comme « pourri », avec le score de 33%, basé sur 113 avis, pointant généralement un manque de créativité dans le scénario. Richard Roeper n’y va pas par quatre chemins et dit « J’espère que vous avez lu le comics, avez joué aux jeux-vidéos, et que vous avez vu la série TV, vu et avez été bercé par les précédents films, dans ce cas vous aimerez aussi ce film. Moi c’est pas mon truc ». Le 15 juin 2010, RottenTomatoes.com réévalue le film comme « frais », avec un score de 63%.
Suites envisagées
Le film TMNT était prévu à l’origine pour n’être que la première partie d’une série d’au moins deux, voire trois films. Mirage, au nom de Peter Laird, qui avait les pleins pouvoirs à travers la structure, était très satisfait du travail réalisé. Le co-créateur des Tortues Ninja va jusqu’à dire qu’il était satisfait de 95% de ce qui avait été fait6. L’écriture d’une suite était alors planifiée avec Kevin Munroe à la réalisation.
Pour le moment, nous connaissons très peu de détails sur ce qui était prévu. Dans une interview de Munroe en 2014, le réalisateur explique qu’il aurait souhaité introduire les évènements du célèbre arc City at war dans le deuxième film. Michelangelo en aurait eu assez de passer pour le gamin de la fratrie, jamais pris au sérieux. Las de la situation, il aurait rejoint le Foot Clan et aurait porté un masque noir. Les tortues seraient partie pour le Japon, où elles auraient retrouvé Karai. Ce voyage culminerait avec le retour de Shredder. Dans cette même interview, il révèle que le troisième film se serait concentré sur la venue des triceratons et du Technodrome sur Terre, par le biais de Donatello. Il conclut disant « pour moi, ça aurait été la grande troisième partie de cette trilogie. Le premier film était sur la famille et la reconquête de la ville. Le deuxième film aurait été sur les garçons contraints de grandir, perdant Splinter et héritant de son combat. Et le troisième film ouvre l’univers sur quelque chose de jamais vu encore dans les films Tortues Ninja »3. Outre continuer d’explorer cet univers, il aurait permis de différencier ou non une fois pour toute cet univers de la première trilogie, et d’officialiser ou non les évènements des Comics movie prequel.
La raison de la non-réalisation de la suite est encore confuse. Il semblerait que le projet ne put être lancé immédiatement car Munroe et son acolyte Tanaka travaillaient déjà six mois avant la sortie du film au cinéma, en mars 2007, sur l’adaptation de Gatchaman (adapté de la série de Tatsuo Yoshida).
Durant l’été 2008, Stephen Murphy reçut un cadre avec une image représentant Michelangelo qui recueille ses trois frères, de retour à leur état de tortues, sous le regard menaçant de Shredder. Peter Laird, le 27 août 2008, veilla à clarifier la situation, l’image entraînant des rumeurs sur internet. Il s’agissait d’un cadeau des studios Imagi Entertainment ; une réalisation de Sam Michlap s’inspirant de pseudos-scénarios entendu dans les couloirs de l’entreprise ces derniers mois.
Galen Walker, producteur du film TMNT, s’était chargé de le transmettre à Mirage Studios. Laird veilla à assurer que s’il était flatté de voir que si Imagi était toujours désireux de faire une suite, quelque chose était déjà en préparation et n’avait rien à voir avec cette illustration.
Munroe quitta le projet Gatchaman, qui ne vit finalement jamais le jour, deux ans après sa mise en route, peu rassuré de la manière dont les choses prenaient forme chez Imagi. Il critique la direction en disant que le film finirait par ressembler à une sorte de Power Rangers édulcoré3.
Il est couramment admis qu’une suite n’a pas vu le jour car Peter Laird avait vendu ses droits à Viacom/Nickelodeon, en octobre 2009. Cependant, les informations données dès 2008 prouvent qu’une suite à TMNT n’était déjà plus d’actualité. Kevin Eastman himself, via le site Heavymetal.com, avait déclaré qu’un reboot était en préparation. Cette information avait été relayée par des sites d’information. Le co-créateur des Tortues Ninja expliquait le 2 septembre 2008 que Warner Bros., qui ne cachait pas sa joie face au succès de TMNT, avait envie de renouer avec les origines de la licence et était en discussions avec Imagi pour produire de nouveau un film, en live action cette fois. Il était même question de faire revenir Steve Barron pour ce film, qui semblerait s’intéresser aux origines de Shredder. Stephen Murphy a totalement démenti l’information le jour même sur son blog (aujourd’hui supprimé), disant que cela ne faisait aucun sens et que cette rumeur était totalement fausse7.
Toutefois, MTV voulut tirer cela au clair, et publia une semaine après, le 9 septembre, une interview avec Peter Laird, où le co-créateur des Tortues Ninja dément à son tour ce qu’avait dit son ancien partenaire. Il se montrait agacé qu’il vienne mettre son grain de sel dans la licence qu’il avait quittée moins de dix ans auparavant, vendant ses droits à son vieil ami. Quelques détails intéressants ressortent de cette interview, et notamment la volonté de créer à présent un film qu’il caractérisait d’hybride, mêlant prises de vues réelles, costumes comme pour la première trilogie et mouvement des expressions faciales par ordinateur. Restant vague sur les projets à venir, il en ressort malgré tout qu’une suite au TMNT d’Imagi était exclue à présent. Laird déclare « […] je peux vous confirmer que nous avons eu plusieurs rendez-vous avec des personnes très intéressées et je pense que nous sommes proches de conclure un accord. Entant que détenteur des droits des TMNT, je veux être le premier à annoncer cela en temps voulu (bientôt j’espère) »6.
C’est en avril 2009 que ce projet de nouveau film est annoncé, lançant les commémorations des 25 ans de la licence. En juillet 2009, John Fusco est annoncé par Variety pour écrire la prochaine aventure des Tortues Ninja au cinéma, produite par Scott Mednick (300, Superman returns) et Galen Walker (TMNT). Ce film, prévu pour 2011, était décrit par Fusco comme une adaptation du comic de 1984 où il désirait inclure des éléments violents et un respect des origines du comic. Cependant, à Variety de nuancer le propos, rappelant qu’il serait étonnant de voir la production vouloir se passer de l’audience des enfants8.
Le rachat de la licence des TMNT par Viacom et Nickelodeon a enterré pour de bon ce projet en octobre 2009 et le prochain film à voir le jour est sorti durant l’été 2014 aux États-Unis.
Et Imagi dans tout ça ? Le film Gatchaman, qui a occupé Munroe depuis la fin de l’année 2006, a peut-être joué un grand rôle dans la non conception d’une suite au film TMNT. Difficile de croire que Laird n’aurait pas accepté d’adapter l’excellent City at war au cinéma, surtout s’il était si satisfait du travail de Munroe. Toujours est-il que la décision de faire un film avec un autre studio date au plus tard du deuxième trimestre 2008, moment durant lequel Imagi semblait essayer de brosser Mirage dans le sens du poil, voulant proposer une suite à leur film. En octobre 2009, Astro Boy s’écrasa au boxoffice, ayant couté 65 millions de dollars et n’ayant rapporté que 40 millions. Si l’avenir d’Imagi semblait de plus en plus incertain, entre le départ de Munroe de Gatchaman et l’arrêt des discussions avec Mirage pour une suite à TMNT, cet échec scellait le destin du studio, qui ferma ses portes en février 2010. Kevin Munroe n’était pas surpris par cette annonce, voyant l’arrogance prendre le pas chez Imagi, qui voulait imiter à son apogée Disney ou Dreamworks et qui finit par s’écraser car il n’avait strictement pas l’envergure de ces géants de l’animation3.
Autour du film
- Lorsque Kevin Munroe rencontra pour la première fois Peter Laird, rien ne lui garantissait qu’il puisse réaliser ce film. Grand amateur des TMNT, il avait de nombreux comics dans sa collection. Il prit son exemplaire du TMNT (Vol. 1) #1 pour le faire dédicacer par le co-créateur des Tortues Ninja, qui lui fit un head sketch de Raphael et écrit « To Kevin. Make a good movie or else ! Grrrr ! ». Ce message n’est pas sans rappeler celui qu’Eastman et Laird avaient écrit à Mark Freedman en 1986, lorsqu’ils lui laissèrent un mois pour trouver un investisseur capable de faire connaître leur licence. À cette occasion, les auteurs avaient écrits dans une copie du premier numéro du comic « va et gagne $1 million, ou oublie » (en savoir plus).
- C’est le quatrième film des tortues qui sort en mars aux États-Unis. Il est aussi le second à rendre hommage à un de ses disparus, en l’occurrence Mako Iwamatsu (Splinter).
- Dans les bonus du DVD, Kevin Munroe revient sur certains détails du film. Ainsi, on apprend que l’introduction aurait dû se faire sous forme de cases comme pour un comic, dessinées par Sean Song et colorisées par Tony Washington (en savoir plus). Celles-ci devaient expliquer la situation de la famille, avant d’arriver dans la rue, et présenter une chasse du Nightwatcher contre un voleur. La scène du braquage de la banque n’existait pas et le seul criminel existant était le voleur de grille pain. Une partie de la course poursuite a été gardée pour le film. Ces scènes avaient été montées entre la fin du mois de juin et début juillet 2006, soit quelques jours avant la présentation du film à la San Diego Comic Con.
- La fin du film est un clin d’œil aux films précédents, et aux comics de Mirage. La salle des trophées de Splinter contient du premier film, le casque de Shredder et sa lance. Du troisième, le sceptre du temps, le plastron et le masque des armures samurai que les tortues avaient portés, ainsi que l’armure et le casque de Norinaga et potentiellement le chapeau à plume de Walker.
D’autres personnages connus, en dehors de ces films, comme les corps démembrés de Mousers, l’arme laser d’un triceraton. Le kimono visible pouvait être soit celui de Splinter (dans les films précédents) soit celui de Hamato Yoshi.
- Une fin alternative est présentée dans les bonus du DVD. Kevin Munroe explique que l’on aurait dû y voir les tortues sur les toits de la ville, en paix. Casey demande à April, devant les murs du bâtiment de Winters, si elle acceptait qu’il continue de jouer les justiciers, avant de lui offrir une bague de fiançailles. Il s’agissait d’un montage encore viable en novembre 2006, soit moins de cinq mois avant la sortie en salles américaines. Enfin, on aurait vu les tortues sauter de toits en toits, comme dans la véritable fin.
- À la fin du film, Raphael dit dans la VO « We strike hard and fade away into the night » reprenant les derniers mots de l’une des tortues à la fin du TMNT (Vol. 1) #1. Il termine par « I love being a turtle ! » phrase culte reprise dans chaque film.
- Le script pouvait être téléchargé sur le site NinjaTurtles.com, dédié au film (aujourd’hui supprimé).
- Si Raphael est certainement ambidextre, on le voit manger ses céréales avec sa main gauche.
- Le combat entre Raphael et Leonardo était quelque chose de désiré dès le début. Dans les bonus du DVD, Kevin Munroe explique qu’ils avaient réalisés un premier combat entre les deux tortues pour voir jusqu’où ils pouvaient aller avec cette technologie. Cela devait être début 2006. Pour cela, ils avaient utilisés les premiers modèles de tortues, tous identiques les uns avec les autres, avec pour seule différenciation la couleur des bandeaux. Ils devaient surtout éviter tout ce qui était surréaliste, comme les sauts trop hauts par exemple.
- Seul Michelangelo n’a pas les yeux bruns comme ses frères, mais bleus. D’après le directeur du film, c’était pour lui donner un air plus innocent et jeune que les autres. Leonardo a les yeux bruns ambré, Donatello bruns chocolat, et Raphael bruns sombre.
- Dans ce film, Kevin Munroe donne aux tortues environ 18-19 ans.
- Les paroles de la musique à la fin du film (Shell Shock) font références à Bebop et Rocksteady, absents de ce film. Munroe précise d’ailleurs qu’il n’a jamais été question de les introduire dans son univers, n’ayant pas les droits de ces personnages3.
- Les généraux de Winters ont tous des noms issus de l’espagnol. Aguila signifie aigle, Gato le chat, Serpiente le serpent et Mono le singe. Il s’agit cependant d’un anachronisme, puisqu’ils ont vécus au premier millénaire avant notre ère. L’espagnol n’est arrivé en Amérique centrale qu’au XVIe siècle.
- Dans les bonus du DVD, on apprend que la rencontre entre Raphael, Casey et Gato, lorsque Vampire succubor se fait capturer, ne devait pas se passer exactement de cette manière. La tortue portait, sur les story-boards, son costume de Nightwatcher. La créature quant à elle devait se faire frapper par Mono, et non écraser par une poubelle – l’équipe trouvait cela plus drôle. Gato devait les prendre en chasse à travers la ville, donnant lieu à une course poursuite dans un parking, à moto, sur les bâtiment. Raphael se serait alors blessé au cours d’une chute. Hélas, l’équipe devait se rendre compte des limites du film et aller à l’essentiel. Une scène de tension, proche des films d’horreur, a alors été préférée, sur les toits.
- Pendant la première scène où l’on voit le Nightwatcher en action, il est possible de lire en hiragana Munroe sur une boutique, en référence au réalisateur du film Kevin Munroe.
- Durant le combat de Casey contre les ninjas Foot, il dit « Two minutes for high sticking ! » dans la version originale, référence à ce que Casey Jones dit aux malfrats arrêtés avant de rencontrer Raphael dans le premier film (1990).
- Même si l’action se déroule à New York, le seul vrai monument de la ville à figurer dans le film est le pont de Brooklyn. Tout le reste est fictif.
- Winters a une grande collection de bustes de marbre, et de tableaux, dans sa salle de séjour, tous le représentant lui, ou les femmes qu’il a aimé. Ce sont tous des personnages de pouvoir, pharaon, empereur romain, et moderne. Il a donc été le premier homme à relier le continent américain et européen, passant par l’Afrique. Sont identifiés :
- Thémistocle (né en 524 et mort 459 av. J.-C.) – Grand stratège athénien
- Alexandre le Grand (né en 356, roi de 336 à 323 av. J.-C.) – Roi de Macédoine et Pharaon d’Égypte, conquérant de l’Asie Mineure
- Jules César (né vers 100 et mort en 44 av. J.-C.) – Seigneur de guerre romain, sénateur puis dictateur de la République romaine.
- Napoléon Bonaparte (né en 1769, mort en 1821) – Empereur français entre 1804 et 1815.
- Dans le film d’animation Turtle forever, lorsque les tortues des univers de 1987 et de 2003 sont placées dans la centrifugeuse de Shredder, ce dernier ouvre des passages dans les différentes dimensions. On y voit un univers pour les tortues des précédents films, et un univers pour celles de ce film-ci. Cela n’est cependant pas une preuve que cet univers soit différent de celui de la trilogie originale.
- Une grande partie des monstres vus dans ce film sont des créatures de la culture populaire
- Big Foot
- Le cyclope
- Sloth monster : le mapinguari
- Jersey devil
- Splinter apparait beaucoup plus dans ce film qu’avant, et ne porte plus de haillons blancs, mais une tenue de karaté gi. Sa fourrure reste marron, mais son oreille droite n’est plus coupée. Munroe s’amusait à dire qu’il avait fait de la chirurgie plastique.
- La saison 7 des Tortues Ninja, Back to the sewer, s’adapte au design du film, et les tortues gagnent ainsi des pupilles. Leur corps est également plus élancé. C’est April qui rencontre les plus grands changements, avec des cheveux blonds vénitiens, se rapprochant beaucoup de l’apparence de l’April de ce film. Splinter garde sa fourrure grise, mais ses vêtements sont ceux du film. Le logo de la série change également, passant de Teenage Mutant Ninja Turtles à TMNT.
- C’est le film des Tortues Ninja le plus cher de la licence au moment de sa réalisation ; à lui seul, il a coûté presque plus que les trois précédents réunis.
Bibliographie
- 1 FARAGO Andrew (traduction de Philippe Touboul), « Une affaire de famille », in TMNT Toute l’histoire des Tortues Ninja, Huginn & Muninn, Paris, 2014, p. 151.
- 2 BROWNING Lawrence (traduction de Philippe Chambin), « Un retour en fanfare… et en synthèse ! », in L’écran Fantastique #275, Cyber Press Publishing S.A., avril 2007, p. 43.
- 3 ARMSTRONG Josh, Director Kevin Munroe revisits Imagi’s TMNT franchise, Animated Views, 19 août 2014.
- 4 FARAGO Andrew (traduction de Philippe Touboul), « Une affaire de famille », in TMNT Toute l’histoire des Tortues Ninja, Huginn & Muninn, Paris, 2014, p. 154.
- 5 JANKIWIECZ Pat, « Teenage Mutant Ninja Director », in Starlog #355, mai 2007, p. 44.
- 6 MARSHALL Rick, Peter Lair responds to ‘Teenage Mutant Ninja Turtles’ movie remors ; confirms deal for live-action/CGI hybrid is ‘close’, MTV.com, 9 septembre 2008.
- 7 COMING SOON, Update : Kevin Eastman talks live-action TMNT, Comingsoon.net, 2 septembre 2008.
- 8 MILLER Ross, Writer confirmed for live-action ‘Ninja Turtles’ movie, Screen Rant, 21 juillet 2009.