Angel et
Alopex cherchaient par tous les moyens à s’échapper de cette étrange prison. Rien à faire, elles avaient beau interroger tous les convives, aucun ne semblait intéressé par retrouver la liberté. Tous étaient très bien ici, à s’amuser ou à boire. Dépitée, Alopex se demandait si ça ne serait pas mieux finalement de rester là. Angel, qui n’avait pas non plus le moral, semblait aussi à deux doigts de craquer… jusqu’à voir deux grenouilles s’embrasser langoureusement. Il était temps de s’en aller ! Trop de choses étranges, trop de grenouilles. Mais comment ? Elles eurent alors l’idée de se concentrer sur qui elles étaient, leur histoire et ce qu’elles représentaient l’une pour l’autre. Elles n’avaient pas traversé tous les malheur de la vie, perdu tant de monde et gagné de si beaux amis pour rien. Pour s’en sortir, elles allaient se battre…
Dans la salle principale,
Toad Baron s’activait à donner des consignes à ses esclaves batraciens pour que la fête qu’il donnerait bientôt à
sa famille soit une véritable réussite. C’est alors qu’il entendit une conversation fort déplaisante et tout à fait inattendue derrière son épaule. C’était bien la première fois que quelqu’un ne se plaisait pas dans son domaine, et tel était le cas de ses deux nouvelles invitées, Alopex et Angel. Il avait beau leur proposer les meilleures boissons, ou même jouer à un jeu-vidéo encore jamais sorti avec le chanteur Tony Bennett, rien y faisait, les deux amies s’ennuyaient. La vie sur Terre était tellement plus distrayante !
M’enfin, comme elles étaient coincées ici pour un certain temps, autant continuer de s’entraîner, il ne faudrait pas qu’elles perdent la main au combat ! Il devenait fou voyant ses deux convives se battre sans prêter attention à ses propositions de rares mets, et même un vin remontant à la période antédiluvienne. Il était prêt à tout pour leur faire plaisir, pourvu qu’elles arrêtent de se battre et qu’elles s’amusent. C’était peut-être la première fois que les autres convives voyaient le maître des lieux perdre de la tête de la sorte. Pire encore, plus personne ne prêtait attention à sa fête et les délices qu’il proposait, mais bien au combat. Les filles accaparaient l’attention de l’assemblée au grand malheur du baron, oublié. Et il n’était pas au bout de ses surprises, bientôt les invités voulaient se prêter au combat. Croyant que la solution serait d’entrer dans leur jeu, le crapaud leur confia des armes en bois.
La situation lui échappait totalement, tous se mirent à casser le mobilier dans la folie du combat. Le plan d’Alopex et Angel était un franc succès. La renarde griffait volontairement les tapisseries et sabotait les décorations.
C’en était trop, le Toard Baron explosait. Devenant colossalement grand, ses membres se déformaient tels des pattes d’araignées pour en faire une créature quadrupède. Que pouvait-il faire pour que cette folie se termine ? La réponse était simple à la bouche des deux nouvelles invitées, mais les autres semblaient plus retissant à quitter les lieux. Elles pouvaient faire ce qu’elles voulaient ici, pourquoi tenir tant à s’en aller ? Une nouvelle déferlante de manifestations éclata, détruisant tout le mobilier et les délices préparés pour la grande fête. Il commençait à avoir mal à la tête d’un tel désordre. Tout ranger, tout préparer de nouveau, ses convives qui ne s’amusaient pas. Quelle nonchalance à ses yeux ! Mais dans le fond elles avaient raison, le seul moyen d’en finir était de les faire partir. Il ouvrit un gouffre sous les pieds des deux amies, qui disparurent avant que celui-ci ne se referme.
Elles n’étaient plus là pour voir la suite… Toad Baron s’assit et mettant sa tête entre ses mains, commença à pleurer. Pourquoi n’aimaient-elles pas sa compagnie alors qu’il avait tout fait pour leur plaire ? Ses invités l’entouraient et lui clamaient tout leur amour. Ils ne se demandaient pas pourquoi Angel et Alopex n’étaient pas bien ici, ils les avaient déjà oubliées. Pour eux, Toad Baron faisait tout simplement les meilleures fêtes et ils voulaient que cela continue ainsi. Il n’en fallait pas plus pour que le crapaud saute de joie avant de se raviser. Sa famille arrivait bientôt, il devait tout préparer !
Au milieu du marécage, un geyser expulsa Alopex et Angel de l’eau non loin de leur barque. Se réchauffant la nuit autour d’un feu, elles juraient de ne plus jamais aller à la moindre fête ou regarder une grenouille.
Si cette expérience leur avait semblé durer des semaines, en réalité elles ne s’étaient absentées que quelques heures. Une expérience si étrange mais qui avait pourtant été fort utile pour les deux femmes qui s’avouaient à présent leur très forte amitié. L’ordinateur de la combinaison d’Angel était parvenu à repérer l’endroit où elles étaient allées. Jetant l’appareil, Angel jurait de ne plus y retourner. Alopex n’était clairement pas de cet avis. Ils savaient que le
Pantheon allait se réunir bientôt. C’était clairement la chance de découvrir qui ils étaient, combien et surtout ce qu’ils prévoyaient de faire bientôt…